« Haïti est un pays assiégé ». L’homme qui s’exprime en ces termes a pour nom Jerry Tardieu ; c’est un ancien élu de l’Assemblée nationale d’Haïti, devenu depuis lors le coordinateur national du mouvement « En Avant » – une formation qui réclame un sursaut national pour sauver le pays face à la déliquescence politique et à l’emprise toujours plus grande des groupes armés. Ce même Jerry Tardieu n’hésite pas à dénoncer « une collusion au plus haut niveau de l’État, avec des hommes politiques qui veulent que ces gangs puissent servir leur désir de voler les élections ». Un autre bon connaisseur de la politique haïtienne, Daniel Dorsainvil, ancien ministre de l’Économie et des Finances de 2006 à 2009, signe pour sa part une tribune dans Le Nouvelliste, l’un des plus respectés des journaux haïtiens, dans laquelle il appelle à des réformes urgentes en soulignant : « Le quotidien des Haïtiennes et des Haïtiens est fait de frayeur, d’anxiété, d’incertitude, et de mal-vivre. Cette situation ne cesse d’empirer, à un point tel qu’il n’est plus question de s’inquiéter qu’Haïti s’enfonce. Il sied plutôt de constater : Haïti s’est enfoncée. »

À Port-au-Prince, ce sont désormais les gangs qui font la loi, bloquant les terminaux pétroliers et plongeant le pays dans le noir, multipliant les enlèvements, érigeant des barrages sur les routes ; les pays voisins, pour leur part, de la République dominicaine jusqu’aux […]