Après trente-huit années de travail, l’Académie française a publié le quatrième et dernier tome de son dictionnaire, jeudi 14 novembre. Le travail a été divisé en lettres, étalant ainsi la conception du dictionnaire et l’ajout de nouveaux mots de la sorte : de A à Enz entre 1986 et 1992, de Eoc à Map entre 1992 et 2000, de Maq à Quo entre 2000 et 2011, et de R à Zzz entre 2011 et 2024. Des périodes au cours desquelles la langue française a inévitablement évolué, souligne BFMTV. Pour mémoire, le dernier dictionnaire datait de 1935. Aussi, 21 000 mots ont été ajoutés pour faire du dictionnaire le « miroir d’une époque qui court de 1950 à nos jours ».

“Ukulélé”, “xénogreffe”, “zadiste”

Le volume publié jeudi comprend donc des mots utilisés de longue date. Dans les nouveaux ajouts allant de R à Z, on trouve des mots que nous avons l’habitude d’utiliser depuis longtemps comme « rince-doigts », « silicone », « ukulélé » ou « scoubidou ». D’autres peuvent même paraître plutôt datés pour un ajout en 2024, à l’instar de « rocambolesque », « rembobiner », « rancard » ou encore « super-héros ». Certains nouveaux mots viennent de langues étrangères comme « realpolitik », « risotto », « top model » ou « sashimi ». Plusieurs tirent, en effet, leur origine de la gastronomie comme les fritures « tempuras » ou le « yassa », de la cuisine ouest-africaine. Et d’autres ajouts s’expliquent par des évolutions scientifiques ou techniques comme « xénogreffe » ou « radiotoxicité ».

La neuvième version du dictionnaire de l’Académie française tient également compte des « transformations sociales et culturelles ». D’où l’intégration par les « Immortels » de « zadiste » (« militant qui, pour empêcher la réalisation d’un projet d’aménagement prévu dans un lieu donné, occupe illégalement ce dernier avec ou sans violence ») ou « wokisme », un « courant de pensée, idéologie, né aux États-Unis dans les années 2000, qui prône l’éveil des consciences aux inégalités structurant les sociétés occidentales, et privilégie la lutte contre les discriminations notamment de nature raciste, sexiste et homophobe ». “Vegan”, “télétravail » ou “saint-glinglin”, “thriller” sont désormais également validés par l’Académie française.

Féminisation de noms de métiers

Enfin, l’institution française a également gravé dans son dictionnaire la féminisation de certains noms de métiers et de fonctions officielles. « Viticultrice » est maintenant officiellement le féminin de « viticulteur » et « soigneuse », dans un zoo par exemple, celui de « soigneur ». « Opposée à toute détermination autoritaire de la langue, l’Académie intègre ces évolutions de l’usage, répondant ainsi au désir légitime des individus de mettre en accord leur appellation avec leur identité propre », souligne le communiqué.