«En ce moment, notre fils de quatre ans aime jouer à la guerre. Il lui arrive même de se battre avec son groupe de maternelle contre les enfants d’un autre groupe. Ils s’imaginent être l’Ukraine contre la Russie. Lui, il aimerait devenir un “homme de guerre” et se battre contre Poutine. Nous ne savons pas comment nous comporter dans cette situation.» Ce que confie cette mère de famille n’est pas inhabituel: les enfants de cet âge se mesurent les uns aux autres en jouant à se battre ou, dans le cas du fils de cette personne, en «jouant à la guerre».

En effet, ces jeux de bagarre leur permettent de découvrir leurs forces, leurs limites et celles des autres. De plus, le fait de se glisser dans un rôle de super-héros ou de guerrier doté d’armes leur confère un sentiment de puissance et de force qui leur est souvent refusé dans la vie quotidienne (du fait de leur jeune âge).

Jouer, une façon de vaincre son impuissance

C’est simplement ainsi qu’il faut percevoir ce «désir de devenir un soldat». En effet, il ne s’agit pas de partir à la guerre et de tuer réellement, mais de s’opposer à sa propre impuissance. Ce jeune garçon qui veut se battre contre Poutine n’a pas réellement d’aspiration sanguinaire, mais son comportement témoigne d’un traitement ludique de la réalité. Les enfants ont besoin de vivre cela.

En ce moment, nous nous sentons tous impuissants lorsque nous entendons les échos de la guerre en Ukraine et au Proche-Orient. En tant qu’adultes, nous avons d’autres techniques pour y faire face, tandis que les enfants trouvent une issue par le jeu et la «pensée magique». Tout à coup, il devient possible de vaincre un dictateur lorsqu’un groupe de petits soldats de quatre ans lui font la guerre pour l’arrêter. […]