Avec simplicité, elle dit que depuis des années et jusque au mois d’avril dernier, elle n’a cessé de visiter des personnes isolées à domicile ou dans des maisons de retraite. Depuis 2006, elle a consacré une partie de son temps à l’accompagnement de personnes en fin de vie – elle a acquis un diplôme universitaire dans cette spécialité. Marie est née dans une famille d’ancienne tradition baptiste de Nîmes. Étant enfant, des visites dans un hôpital avec son frère l’avaient émue et sensibilisée à la solitude de certains patients. De là, l’écoute de personnes seules qui lui fit souvent découvrir des situations très précaires, parfois terrifiantes : elle n’a pas oublié une dame habitant en plein centre ville qui, après trois heures de visite, lui avoua sur le pas de la porte qu’elle n’avait pas pris de repas depuis dix jours… elle avait honte d’être sans argent et disait que tout allait bien. Également dans le cadre de l’Église, Marie a fait une formation de prédicateur et une autre d’aumônier des hôpitaux et maisons de retraite.

Au Tchad pour son premier film

C’est un tout autre horizon qui va s’ouvrir devant elle : l’association Euromedia, qui faisait de l’évangélisation par la télévision, préparait un reportage afin de récolter des fonds pour construire un orphelinat à Koumra, au sud du Tchad… et Marie devait être du voyage en tant que réalisatrice. Elle s’était formée avec l’équipe technique mais ce serait sa première expérience en tant que réalisatrice, cela dans un pays ravagé par la guerre civile où les enfants en surnombre n’avaient pas de place. On était en 1987, le film Betsaleel atteignit son but – la construction de l’orphelinat – et il fut montré à Patrick de Carolis, qui le diffusa sur la 5 : les téléspectateurs le déclarèrent meilleur reportage de la semaine. D’autres documentaires suivirent rapidement, toujours sur des sujets religieux, humanitaires, sociaux, souvent en Afrique, au Kinshasa, Côte d’Ivoire, Centrafrique, Cameroun. Le film Chemins de traverse fut projeté à Cannes en 1994 pour les vingt ans du Jury œcuménique du Festival. Marie eut aussi l’occasion au fil du temps de réaliser des documentaires pour Présence protestante, que ce soit avec Jean Domon, Claudette Marquet ou Séverine Boudier – à propos de l’accueil de migrants d’Afghanistan, installés dans un temple de Nîmes.

60 ans de Présence protestante

Entre les tournages, Marie fait des visites à domicile, s’intéresse à l’accompagnement spirituel à l’hôpital. Elle est mariée, elle a trois filles, aujourd’hui âgées de 25, 23 et 16 ans. Un beau jour, une amie lui envoie l’annonce de la recherche d’un successeur à Séverine Boudier, Marie réfléchit ; une deuxième amie lui envoie l’annonce ; Marie se décide à présenter sa candidature, persuadée qu’elle ne sera pas retenue. Mais elle a pour elle son expérience d’organisatrice, sa vision protestante et œcuménique ; elle hésite, et finit par accepter. Il y a peu de changements à attendre immédiatement de sa présence dans la grille de Présence protestante, que Séverine Boudier a préparée jusqu’à fin 2015, bien équilibrée entre dix documentaires et un culte chaque mois, mais un événement sera fêté le 4 octobre : les soixante ans de l’émission, qui a fait bien du chemin depuis 1955 pour apporter l’actualité protestante avec l’image.