Paco Ibanez vient de fêter ses quatre-vingt-dix ans. Le nom de ce guitariste, chanteur et compositeur ne dit plus grand-chose à grand monde et c’est dommage. D’abord parce que cet artiste a su concilier la culture libertaire avec la tradition musicale classique. Ensuite parce qu’il a su, mieux que d’autres, incarner un moment très particulier de notre histoire culturelle. On peine à imaginer le rayonnement de la diaspora antifranquiste en France. Et pourtant…
Durant les années cinquante et soixante, la mémoire de la guerre civile était vive chez nous. Les artistes réfugiés dans notre pays portaient des ambitions artistiques magnifiques (hostiles à toutes les dérives d’un folklore à connotation commerciale) et, si la plupart affichaient des convictions de gauche, ils ne versaient jamais dans un quelconque sectarisme. Et d’ailleurs, André Malraux, ministre de la Culture de 1959 à 1969, gaulliste entre les gaullistes, soutenait leurs initiatives, au rappel des combats communs conduits naguère.
À cette époque, Federico Garcia Lorca […]