Plutôt que de prendre le carême pour une œuvre, nous pourrions le considérer comme une pédagogie afin d’intégrer ce scandale absolu, si contraire à notre compréhension naturelle, qu’est la théologie de la croix. La lecture des évangiles révèle un phénomène étrange : les disciples ont été incapables d’entendre ce que Jésus leur disait lorsqu’il parlait de la croix. Chaque fois qu’il a annoncé la passion, ils n’ont pas entendu ce qu’il disait. Après une de ces annonces, un verset de l’évangile de Luc déclare à propos des disciples : « Ils n’y comprirent rien ; le sens de cette parole leur restait caché; ils ne savaient pas ce que cela voulait dire. »

Nous aurions tort de considérer que nous sommes plus intelligents, ou plus avertis, ou meilleurs disciples que les apôtres eux-mêmes. S’ils ont montré tant de résistance à la perspective de la croix, nous devons avoir l’humilité de reconnaître que nous avons nos propres réticences. Nous avons besoin de travailler notre spiritualité pour être un petit peu moins bouchés qu’eux et vivre un tout petit bout de ce qu’induit la théologie de la croix. Tel est l’enjeu du carême qui appelle à trois conversions.

Une conversion de l’intelligence

Nous savons qu’il existe plusieurs […]