Nous voyons passer les jours en ne faisant que constater les dégâts humains et matériels s’accumuler et la méfiance s’installer de part et d’autre dans la population. (…) Je suis personnellement choqué de l’âge de ces jeunes (décédés) et attristé de voir le peu de considération que certaines personnes ont envers ces morts (notamment civils).
De nombreuses entreprises et magasins ont été incendiés et/ou pillés, ce qui laisse présager un avenir compliqué d’un point de vue économique. Cet argument-là est d’ailleurs très souvent repris par la classe politique (notamment loyaliste), mais je trouve qu’il est à des kilomètres des problèmes sociaux que connaît notre société et qui sont, entre autres, à l’origine de ces mouvements et illustrent la fracture sociale. Même s’il est vrai que ces destructions sont fortement préjudiciables pour l’économie calédonienne, les inégalités sociales perdurent et continueront d’être la source du mal-être d’une partie de la population (notamment chez les jeunes) et il faudra tôt ou tard travailler sur ces problématiques. (…)
La réponse de l’État
Enfin, d’un point de vue politique, la réponse de l’État consistant à faire intervenir l’armée et les groupes spécialisés (Raid, GIGN, etc.) de façon aussi importante me laisse perplexe quant à la considération qu’il porte à notre population et aux manifestants. Nous savions que la Calédonie avait toujours eu le droit à des « traitements de faveur » (comme le dit si bien un militant indépendantiste), surtout quand il s’agit de restaurer l’ordre public, mais je pensais que la réponse militaire était soit d’un temps dont auraient pu parler mes grands-parents, soit réservée aux citoyens et/ou combattants étrangers…
Si la réforme constitutionnelle dont il est question est l’élément déclencheur, elle ne fait que s’ajouter à tous les problèmes sociaux que connaît le pays. La « ségrégation » sociale (et finalement ethnique) qui existe ici, issue elle-même du dénigrement des […]