Journaliste en Afrique

J’ai un long parcours dans le journalisme mais au début, j’avais juste besoin de travailler : j’ai trouvé à Jeune Afrique un job qui n’avait que peu de choses à voir avec l’écriture elle-même. Mais je me suis vite retrouvée à la rédaction pour corriger les textes des autres et c’est comme ça que j’ai commencé à apprendre ce qu’était l’Afrique. Avant, je savais seulement que Dakar était la capitale du Sénégal ! J’ai beaucoup lu, beaucoup appris, beaucoup écrit.

J’ai donc été journaliste en Afrique, j’y allais souvent et régulièrement. J’ai vu hélas les guerres et les coups d’État des dernières décennies en Afrique de l’Ouest. Un coup d’État n’est jamais anodin, même s’il est jugé « sans effusion de sang ». On parle toujours du nombre de morts, mais on perd de vue qu’un mort, c’est d’abord un père, une mère ou un enfant. Ma première expérience de ce type, c’était le coup d’État en Côte d’Ivoire en 1999. Je suis partie à l’arrache, j’ai pris un avion pour Abidjan. Sur place, mes confrères et moi étions étonnés de rencontrer autant de gens ravis que le président soit renversé, j’ai dû rester deux ou trois semaines. Après, je n’ai plus arrêté, j’y suis retournée, j’en suis repartie, on a toujours des spécialisations. Je suis allée au Rwanda, au Liberia, en Sierra Leone, au Nigeria, au Darfour (Soudan) cinq ou six fois. Sur place, il faut voir comment ça se passe avec les autorités. On est dans un petit hôtel, on est assez discrets. S’il faut être voilée, je suis voilée. J’ai toujours quelqu’un sur place, un contact pour me renseigner, arranger les rendez-vous. De rencontre en entretien, on commence à comprendre. On voit les gens du pouvoir et puis […]