Les Pères de l’Église ont remarqué que dans la Bible, il est écrit que Jésus a pleuré, mais il n’est jamais dit qu’il a ri. Ils en ont conclu que le rire était d’origine diabolique car il secoue le corps, il est grotesque et indécent. Ils en sont arrivés à penser qu’avant le péché originel, il n’y avait ni rire, ni ricanement, mais seulement la « voix des joies suprêmes ».

Jésus n’a jamais ri ? Et si les Pères se trompaient ? C’est quand même lui qui a reproché aux pharisiens d’avoir inventé le filtre à moucherons qui laissait passer les chameaux !

Le premier signe qu’il a posé pour évoquer le royaume de Dieu a été de transformer six cents litres d’une eau destinée au lavage rituel des mains en un bon vin qui a égayé un repas de noces et qui a certainement enivré certains convives.

Il a reproché à ceux qui avaient la religion triste de refuser l’invitation d’aller danser sur les places publiques avec les enfants qui jouent de la flûte.

Et que dire des paraboles dont certaines manient avec gourmandise l’exagération orientale.

Quand Jésus a voulu casser la bonne conscience de ceux qui passent leur temps à critiquer les autres, il leur a dit :

« Vous êtes très fort pour démasquer la moindre vétille dans l’œil de votre voisin, mais votre vue est altérée par la poutre qui est dans le vôtre. »

Une poutre dans un œil ? L’image est éloquente. Je suis sûr que le soir au dîner, les disciples ont ri avec Jésus quand ils en ont reparlé.