Daniela Cerqui, anthropologue spécialiste des robots humanoïdes, enseignante à l’université de Lausanne
Daniela Cerqui questionne la finalité de l’IA. Notre société a développé ces nouvelles technologies sur le postulat de l’imperfection humaine sans se poser la question de leur sens.
Schizophrénie. «Pourquoi en arrive-t-on à développer une société dans laquelle on n’a plus besoin de l’humain ? Un des éléments de réponse est que l’on veut tout maîtriser. On veut être l’égal du Créateur en recréant la vie et l’intelligence. Collatéralement à cela, il y a une représentation de l’être humain comme un être faillible. La machine est considérée comme beaucoup plus fiable.
On parle souvent des robots qui volent les emplois aux humains. Quand la Migros annonce récemment la suppression de 300 emplois, elle le justifie par la concurrence des achats sur internet. Or le groupe a été le premier supermarché en ligne. C’est le serpent qui se mord la queue. Il y a quelque chose qui relève de la programmation de la disparition de l’humain.
Le revers de la médaille, c’est que nous nous machinisons. L’humain se perçoit comme une machine imparfaite. Il y a une robotisation symbolique. Aux yeux de l’anthropologue, c’est presque du cannibalisme. Je vois dans les pratiques actuelles d’intégration de […]