De quand date le débat sur le contrôle des armes à feu aux États-Unis, qui rebondit sans cesse ?

L’histoire du pays est jalonnée de fusillades. Les massacres de masse, ceux qui tuent beaucoup de personnes, tendent cependant à augmenter. Pour ce qui est du contrôle des armes à feu proprement dit, le XXe siècle a été marqué par des allers et retours entre phases de régulation renforcée et phases de dérégulation. Chacune des lois de régulation de vente d’armes a suivi une période de grande violence. Dans les années 1930, elles répondent aux tueries orchestrées par les mafias irlandaise et italienne lors de la décennie précédente, au sujet du commerce d’alcool. Dans les années 1960, c’est à la suite de l’assassinat des Kennedy et de Martin Luther King. Après l’attentat manqué contre Ronald Reagan, en 1981, la volonté de renforcer le contrôle des armes à feu se reflète dans la loi Brady de 1993, qui impose la création d’un « registre », soit la vérification des antécédents psychiatriques et judiciaires de l’acheteur lors de l’acquisition d’une arme neuve. En 1994, une autre loi restreint la vente d’armes automatiques. Mais cette loi, votée pour une durée de dix ans, n’a pas été reconduite en 2004. Nous sommes aujourd’hui dans une phase de grande dérégulation, encouragée par la National Rifle Association (NRA), le très puissant lobby proarmes à feu.

Comment expliquer l’attachement viscéral aux armes à feu d’une partie de la population, symbolisé par le deuxième amendement de la Constitution ?

Lorsqu’ils déclarent l’indépendance des États-Unis en 1776, les Pères fondateurs se situent dans l’esprit des Lumières. Revendiquer le droit de porter les armes pour tous les citoyens, c’est s’émanciper d’une Europe féodale où la seule violence légitime est celle de la noblesse, où le peuple, assujetti, a abandonné son droit à se défendre contre une promesse de sécurité. Dans cette optique, le deuxième amendement est une libération pour l’individu.

S’y est ajoutée la philosophie libertarienne de la responsabilité individuelle, où l’individu doit assurer sa propre sécurité. Je noterai enfin la fascination de beaucoup d’Américains pour la puissance et pour la technologie, héritage des guerres indiennes du XIXe siècle, marquées par la supériorité technique écrasante de l’armée américaine, qui lui apportait de faciles victoires.

Les Américains sont-ils favorables à plus ou moins de régulation dans le commerce des armes à feu ?

Les sondages d’opinion indiquent qu’une légère majorité de la population est en faveur d’un contrôle renforcé de la vente d’armes. Mais les partisans du port d’armes sont bien mieux organisés, bien plus […]