Par extension, vers 1170, il en est venu à prendre le sens de « prendre le chemin ». C’est peut-être ce qui peut expliquer que, dans le même temps, ce verbe acquiert un sens guerrier : « assaillir ». Ceux qui « prenaient la route » étaient considérés comme des menaces. Mais, toujours vers 1170, le verbe prend le sens de « recevoir ». Signe que les pèlerins pouvaient aussi être vus positivement.

Être accueilli

Aujourd’hui, les choses n’ont guère changé. L’autre peut être envisagé comme une richesse ou comme une menace. Mais qu’est-ce qui fait que mon regard sur l’autre penche d’un côté ou de l’autre ? Peut-être la manière dont je « rassemble » tout ce qui me constitue, tout ce qui fait que je suis qui je suis : mes défauts et mes qualités, les failles de mon histoire et ses richesses, mes doutes et mes convictions, mes échecs et mes réussites, mes lâchetés et mes actes de courage, ma violence et mon calme… Comment je fais face à tout cela ? Comment je rassemble toutes les incohérences de mon être ? Comment je les accueille ? Savoir accueillir tout cela, c’est se «mettre en route» pour accueillir l’autre qui, comme moi, est en proie aux mêmes difficultés quant à la collecte (origine latine du mot « accueillir ») de ce qui le constitue. Pour accueillir cet assemblage, je peux m’appuyer sur une précédence : l’accueil de Dieu. Inconditionnel. Le même pour tous.

Cet accueil me permet de m’accueillir tel que je suis, avec mes faiblesses et mes forces. Il me donne le « courage d’être » ce que je suis. Il me permet donc d’accueillir l’autre tel qu’il est, sans peur et sans crainte car ce qu’il est, je le suis. Le dossier de ce mois est consacré à l’accueil de l’Église et en Église. Comment se manifeste-t-il individuellement et collectivement ? Comment les protestants incarnent l’accueil de l’autre, tel qu’il est ? Bonne lecture et que l’Esprit de Pentecôte anime nos vies.