Lundi 5 mai, plus de 1 000 chercheurs, médecins et soignants ont adressé une lettre à Yannick Neuder, Annie Genevard, Astrid Panosyan-Bouvet et Agnès Pannier-Runacher, respectivement ministres de la Santé, de l’Agriculture, du Travail et de la Transition écologique pour dénoncer une proposition de loi prochainement débattue à l’Assemblée.

Le texte de loi – la loi Duplomb – critiqué par les professionnels médicaux prévoit notamment de réintroduire des pesticides interdits en France mais autorisés en Europe jusqu’en 2033, rapporte L’Ardennais. Parmi la liste des néfastes, les néonicotinoïdes, “ces insecticides ‘tueurs d’abeilles’ interdits en France depuis 2016” qui “inquiètent aussi bien le monde de la santé que celui des apiculteurs”, selon la lettre. Si la loi est acceptée, ce serait le signe d’un pas de recul important sur la gestion des pesticides dans le pays.

Plus de pesticides, plus de risques pour la santé

La principale mesure de cette loi, qui sera débattue à l’Assemblée à partir du 6 mai en commission du développement durable, présente également des risques élevés pour la santé. En autorisant la réintroduction de pesticides interdits, une partie de l’alimentation issue de l’agriculture pourrait être de nouveau dopée aux produits néfastes et ainsi causer de potentiels dangers pour la santé en cas de surconsommation.

Par ailleurs, les signataires s’opposent à la création d’un Conseil d’orientation agricole qui serait “un recul pour la santé publique », rapporte France info. Ils craignent que les mesures prises par ce conseil le soient « au mépris des exigences sanitaires ». La loi Duplomb prévoit que ce futur conseil puisse désigner des pesticides comme “prioritaire” et soit ainsi classé sans alternative. De plus, cette nouvelle autorité adossée au ministère de l’Agriculture permettra notamment de se passer de l’avis de l’Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire – qui est jusqu’alors le seul régulateur des pesticides autorisés sur le marché.

Le rôle de l’Anses dévalorisé ?

Si la mesure est adoptée par les députés, le rôle que joue l’Anses dans la gestion des pesticides serait fortement dévalorisé. Comme le rappellent les signataires, depuis 2015, « ce n’est plus au ministère de l’Agriculture, mais à l’agence qu’il revient de piloter ce processus dans un cadre scientifique et déontologique contraint ». En effet, l’Anses évalue la dangerosité des pesticides et autorise ou non leur mise sur le marché, précise Ici. Chaque année, des centaines de décisions sont rendues par l’agence, de manière indépendante et dans le respect du souci scientifique et de la santé des populations.

La décision finale concernant la proposition de loi Duplomb arrivera à la fin du mois de mai avec un examen du texte par les députés. En attendant, la lettre adressée ce 5 mai aux ministères rappelle l’importance d’un maintien d’institution fiable et recommandé en matière de santé publique.