Xi Jinping, démission !” : c’est ce que des protestataires ont scandé, le week-end du 26 novembre, à Shanghai. Ils s’en sont pris également au Parti communiste chinois (PCC), qui règne d’une main de fer sur le pays le plus peuplé de la planète. Si les mobilisations sociales ne sont pas rares, expliquent les spécialistes, c’est la tournure politique de ce vent de contestation qui est inédit. Ce qui est rare, aussi, c’est le caractère simultané de ces manifestations. La raison de cette grogne sociale grandissante ? La très draconienne politique zéro-Covid, imposée par Xi Jinping à sa population depuis maintenant près de trois ans. 

Nous sommes tous épuisés et exaspérés par ces terribles confinements”, confie une Chinoise au quotidien La Croix. À Shanghai, Pékin, la capitale, Wuhan (d’où est partie l’épidémie fin 2019), Chengdu et dans d’autres villes, plusieurs centaines de Chinoises et Chinois sont descendus dans la rue pour dénoncer les confinements et autres drastiques restrictions sanitaires du gouvernement chinois. Dans la capitale, des étudiants de la prestigieuse université Tsinghua ont manifesté sur le campus. “On a crié ‘la liberté triomphera, non aux tests PCR, non aux confinements’”, raconte une étudiante à Libération

Un retraité qui habite Urumqi, la capitale du Xinjiang, témoigne aussi auprès de Libération être enfermé chez lui depuis le mois de juin. “Je n’ai jamais connu une telle situation, même pendant la Révolution culturelle. Je suis un ancien médecin, ma femme était enseignante, nous sommes membres du Parti communiste. Comment peuvent-ils nous faire cela ?”, dit-il. C’est d’ailleurs cette ville qui est à l’origine du vent de contestation. Jeudi 24 novembre, un incendie a embrasé un immeuble d’Urumqi. Les flammes ont tué dix personnes : les pompiers ne sont pas parvenus à accéder au site à cause des mesures de confinement. Dans la nuit, des centaines de personnes se sont rassemblées devant la mairie de la municipalité. Puis le mécontentement s’est répandu à travers d’autres villes de Chine. 

Censure

En Chine, le ras-le-bol est généralisé contre la stratégie ‘zéro Covid’. Toutes les couches de la population sont touchées par une politique sanitaire qui a des conséquences dramatiques pour l’économie, mais aussi sur la vie quotidienne”, résume Valérie Niquet, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), à France Info. Il s’agit d’un véritable défi pour le PCC et pour Xi Jinping, un mois après le XXe Congrès du Parti à l’issue duquel le leader chinois a été désigné pour un troisième mandat à la tête du régime. “C’est la première fois depuis 1989 que des slogans politiques sont revendiqués, à l’université de Tsinghua des étudiants ont ainsi demandé plus de libertés”, note la sinologue Marie Holzman auprès de France Info

Reste à savoir comment va réagir le régime autoritaire de Xi Jinping. De nombreuses vidéos font état d’une violence inouïe de la police à l’égard des protestataires. Un homme, qui tenait un bouquet de fleurs à la main, s’est violemment fait embarquer par des policiers. Ce lundi 28 novembre, les forces de l’ordre étaient présentes et visibles à Shanghai et à Pékin, non loin des lieux de rassemblements de la veille, ont constaté des journalistes de l’AFP, cités par France 24. Sur place, certains passants ont été sommés d’effacer des images de leur téléphones. De même que sur Internet et les réseaux sociaux chinois, toute mention des protestations semble avoir été effacée.