L’élection de Donald Trump a mis en lumière le rôle déterminant des évangéliques blancs dans le paysage politique américain. Depuis les années 1980, ce groupe, qui représente une base solide pour le Parti républicain, s’est fortement mobilisé en faveur de candidats conservateurs. En 2024, plus de 80 % des évangéliques blancs ont voté pour Trump, malgré des controverses sur des sujets tels que l’avortement. Ce bloc religieux, historiquement influencé par la « moral majority », considère que préserver les valeurs familiales et morales dans une société de plus en plus fragmentée est une priorité.

Cependant, tous les évangéliques ne soutiennent pas cette ligne politique. Une minorité significative, environ 20 %, s’oppose au trumpisme et à son projet de domination culturelle. Ces résistants, comme les Red Letter Christians, mettent en avant un christianisme centré sur les enseignements de Jésus, prônant la justice sociale et le pluralisme. Leur action inclut le rachat d’armes pour les transformer en outils agricoles, le soutien aux sans-abri, ou encore une opposition active à la peine de mort. Cette approche repose sur une théologie du témoignage, privilégiant l’exemple personnel à l’imposition par la loi.

Le débat interne chez les évangéliques reflète une fracture entre conservateurs pluralistes et réactionnaires. Alors que les premiers, comme Russell Moore ou Jerushah Duford, défendent une approche ouverte et respectueuse des diversités, les seconds optent pour une vision hégémonique et parfois théologisée du pouvoir. Ce courant réactionnaire, marqué par des influences néo-réformées et charismatiques, voit dans la culture une bataille spirituelle et politique.

Face à cette polarisation, des initiatives telles que Christians Against Christian Nationalism défendent la séparation de l’Église et de l’État et la liberté religieuse pour tous. Ces résistants rappellent que le pluralisme n’est pas synonyme de faiblesse, mais bien une force dans une démocratie moderne.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Philippe Gonzalez
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag